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L’entreprise autrement | Ces entreprises malades de l’administration

 

L’Etat, et à travers lui, son administration, peuvent-ils devenir un frein et un fardeau pour l’économie de leur pays ? Hélas oui, et c’est le cas de notre chère Tunisie. Opérateur économique très important, depuis l’apparition de cette forme d’organisation de la société, l’Etat, censé offrir toutes les conditions requises pour la croissance économique et le développement harmonieux du pays, peut, en effet, avoir une action négative sur ce dernier. Pire, il peut, à travers ses politiques désastreuses, dont celle concernant la fiscalité, son administration archaïque et non-citoyenne et les lois qu’il édicte, se révéler souvent une structure contre la société, un parasite envahissant et récalcitrant, une entité dominante, hyper contraignante, hégémonique et inefficace, poussant à la corruption et aux pratiques apparentées et à tout ce qui est informel, illégal et mafieux. C’est hélas le cas chez nous où l’Etat, à travers son appareil administratif envahissant, inefficace et très coûteux, a agi contre l’épanouissement de la société et du pays d’une façon générale. Il a ainsi fait rater au pays plusieurs occasions de prendre des tournants décisifs, de conduire et réaliser des réformes vitales et des sauts qualitatifs vitaux, mis au point des montages et mécanismes socioéconomiques aberrants, tels que celui de la compensation, etc.

Parmi les conséquences de ces phénomènes nocifs, l’augmentation du taux de chômage, de la précarité du travail, des activités informelles et bien d’autres fléaux socioéconomiques. Selon l’Institut national de la statistique (INS), 44% de la population active, en effet, travaillent dans l’informel, 75% d’entre eux ont entre 19 et 24 ans, ce qui est alarmant. Plusieurs facteurs ont contribué à l’apparition de ce phénomène nocif après le démarrage prometteur du processus de modernisation de l’Etat à partir de 1956 (Processus lent et parfois en panne). Héritière de deux types catastrophiques d’administration, l’ottomane et la française, l’administration tunisienne n’a pas pu et n’a pas su se débarrasser de son conformisme, son juridisme, son clientélisme, son ascendant sur le gouvernement, etc.

Citons, en vrac, une centralisation excessive, l’absence d’une approche managériale par les résultats, la rigidité et une tendance pathologique à vouloir tout contrôler (d’où des fléaux tels que la corruption, les mesures provisoires de raccommodage qui se transforment en règles), effectif pléthorique, absence de politique de management du capital humain, faible rendement, absence de politique de gestion des connaissances, etc.

A cause, entre autres, de la mentalité dite du beylik (en référence à la propriété du souverain absolu) qui règne depuis des siècles dans notre pays, et qui a contribué à la naissance de ce que nous avons appelé l’«anti-citoyen», les secteurs public et parapublic sont le gaspilleur N°1 des ressources (naturelles, humaines, financières, culturelles, temps et autres) du pays. Effectif pléthorique (800.000 environ), mais aussi très faible productivité, ont largement contribué audit gaspillage. Une étude, effectuée par l’Association tunisienne de lutte contre la corruption, sur le temps de travail des fonctionnaires tunisiens et publiée, en 2015, a révélé que «le fonctionnaire tunisien ne travaille qu’environ huit minutes en moyenne par jour, sur les 105 jours de travail par an. (Calculs tenant compte de l’absentéisme, du temps mort et des déplacements inutiles sur site…). L’Association a également fait savoir que «seul un fonctionnaire sur cinq présents physiquement travaille véritablement». Et pour les quelque 800.000 fonctionnaires de l’administration, le taux d’absentéisme a atteint les 60% contre 10% seulement dans le privé. Le ministère chargé de la Fonction publique a, quant à lui, révélé, en 2016, que les absences répétées des fonctionnaires représentent 4,5% de la masse salariale et 2% du budget de l’Etat. Oui, le fonctionnaire tunisien, à cause, entre autres, d’un management désastreux, est un fardeau pour le pays et un parasite pour le secteur productif, mais ce n’est pas sa faute. Il est lui-même victime d’un système kafkaïen. (Nous y reviendrons)

Le grand perdant, dans tout cela, restera sans doute l’entreprise privée existante ou en puissance. Pression fiscale intolérable et très mal répartie, banques archaïques et taux d’intérêts élevés, rareté des liquidités entre autres à cause des dettes de l’Etat contractées auprès des banques privées, prolifération des pratiques non-concurrentielles, y compris celles dont l’auteur est l’Etat lui-même et la liste est longue.  Or, les entreprises privées sont les seules entités capables de créer des richesses et d’accroître l’investissement directement productif et de veiller à ce qu’il soit plus rentable, ce qui a fait retarder le processus de développement du pays et tué dans l’œuf l’esprit de l’initiative privée.

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